Trois coureurs de fond au paroxysme de l'effort. Visages serrés et muscles tendus, ils sont les héros anonymes de la pochette du nouvel album de Zebda. Plus marathoniens que sprinteurs, Magyd Cherfi et les frères Amokrane (Mustapha et Hakim) se sont réservés huit longues années avant de franchir une nouvelle fois la ligne d'arrivée. Leur victoire s'appelle Second Tour.
Symboles. Le nouveau chapitre s'écrit à cinq. Batteur et guitariste d'origine ayant arrêté la musique, seuls Rémi Sanchez et Joël Saurin, au piano et à la basse, accompagnent aujourd'hui les trois acolytes Magyd, Hakim et Mouss. On connaît l'histoire : les amis ont grandi dans la même cité toulousaine. Entre deux matchs de foot, ils participent aux activités de l'association Vitécrit et lancentZebda («beurre» en arabe), fiction vidéo dans laquelle les Amokrane s'improvisent choristes. «On rêvait de villes comme Hollywood ou Moscou, s'amuse Mustapha. On voulait briller sans se faire trop de cloques aux mains.»
Sur la scène musicale française des années 90, la suite est fameuse. Un succès massif avec les albums le Bruit et l'Odeur, puis Essence ordinaire, derniers symboles d'une époque où l'on peut encore envisager de vendre des albums par centaines de milliers. Des tubes monumentaux, entre ritournelle de camping limite malencontreuse pour Tomber la chemise et chant de partisans ultra «motivés», repris encore aujourd'hui dans