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Libération

Craig Finn, le candidat

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Blues rock. Avec son manifeste solo «Clear Heart Full Eyes», le chanteur bostonien de The Hold Steady exalte la normalité.
par BAYON
publié le 1er février 2012 à 0h00
(mis à jour le 1er février 2012 à 11h58)

Voilà un nouveau compère rock. Country. Des airs de Jeff Bridges le vieux fusil grand écran, de Richard Hawley, pub crooner rhythm’n’blues de Leeds à fente labiale, un revenez-y vocal de Slaid Cleaves, notre pari 2009 englouti, de James McMurtry, autre pari perdu, croisé de Micah P. Hinson au physique ingrat, ou de Costello, au cérébral bigleux ringard.

En fait, Craig Finn est le François Hollande boogie blues. Ni plus ni moins. Homme sans qualité ni look rock, mais non sans chien, il a du mordant, du style. Rocailleux, claquant et craquant tel le cuir de bottes mexicaines, moody et bluesy d'entrée, c'est le genre à se flatter de sa «normalité».

Pourquoi pas ? 40 ans, trois groupes au compteur (Lifter Puller inconnu au bataillon, The Brokerdealer idem, The Hold Steady un peu moins), Craig Finn, au nom gaélique, né à Boston, Massachusetts, grandi à Edina, Minnesota, diplômé du Boston College, vit à New York.

Lettré. Son album texan, à l'inspiration très écrite situant le bonhomme dans une lignée intello Randy Newman, brasse la référence, littéraire. Devenu un modèle du genre, pour ses complaintes scripts réalistes sur la solitude, l'anxiété, les paumés du rêve américain, croquées en voyage sur bloc-notes et iPod, au fil de cinq CD du groupe The Hold Steady, Craig Finn le «Flanby» binaire est tenu pour un vrai écrivain par le romancier américain George Pelecanos : «Ce que fait Finn relève de la littérature.» Celui qui fit la voix de Walt Whitman