Singulière histoire que celle de ce septième album d'Air. Trois semaines avant l'ouverture du dernier Festival de Cannes, le portable de Nicolas Godin, moitié du duo versaillais (notamment chargé des cordes), vibre. Une voix propose d'habiller musicalement le court métrage de Georges Méliès, le Voyage dans la Lune, dont la restauration et la colorisation venaient de s'achever. «Le lendemain, j'en parlais à Jean-Benoît [Dunckel, autre moitié d'Air, ndlr]. Le surlendemain, on commençait à travailler.»
Voilà comment est née la BO de ce film de science-fiction mis sur orbite en 1903, biberonné par Jules Verne (De la Terre à la Lune) et Herbert George Wells (Les Premiers Hommes dans la Lune). Douze ans après la première illustration musicale signée par Air pour le long métrage de Sofia Coppola, Virgin Suicides. Le résultat est bluffant, qui offre une dimension inédite à ce film (de fait) quelque peu daté et à ses tableaux revigorés par la grâce de la colorisation. Alors, osons : avec cette instrumentation mêlant synthés, piano, cordes électriques et acoustiques, batterie et percussions diverses, l'œuvre de Méliès est désormais regardable sans bailler, ce qui n'est pas rien concernant cette fable prédadaïste qui a moyennement bien jauni.
«Cratères». L'urgence dans la création de cette œuvre musicale est manifeste, au bon sens s'entend. Si l'univers du binôme est parfaitement vivant, le superflu n'enfle pas ce tra