C'est l'Anonymous de la musique actuelle. Derrière ses masques abstraits d'inspiration océanienne ou africaine, le Britannique Sbtrkt (prononcer «subtract», soustraire en anglais) construit depuis 2009 un personnage graphique et sonore sans visage afin de laisser sa vie personnelle de côté. Une façon, aussi, de déconnecter la musique de cet alter ego, centrée sur les basses et les rythmiques du dubstep des années 2000, des compositions signées auparavant sous son propre nom: Aaron Jerome. Son style d'alors était, il est vrai, méchamment daté, fait de soul filasse, acid-jazz épuisé.
Pour se réinventer artistiquement, le Londonien devait commencer par faire oublier son unique album sorti en 2008, Time to Rearrange, et l'anonymat masqué est une solution éprouvée. Celui qui pataugeait dans la mare des seconds couteaux a ainsi commencé à adresser ses compositions anonymes à quelques oreilles sensibles - dont celles de Mary Anne Hobbs au sein de la BBC - et à attirer l'attention sur sa musique entre deux mondes. D'un côté le clubbing pesant et réflexif de la bass music anglaise qui a dominé la dernière décennie, colporté par quelques acteurs émergés à la Burial, Kode9 - à l'affiche du festival Fireworks, samedi - (lire page suivante), Shackleton ou Skream. En face, le brouet de la musique populaire d'aujourd'hui, tant pop que r'n'b, soul ou hip-hop.
Casse-cou. Sbtrkt est l'enfant lucide de ces deux mondes, qu'il assemble