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Critique

Fred Deshayes, la Guadeloupe au nom du père

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World . Le leader de Soft sort un CD avec un titre poignant sur la tuerie oubliée de mai 1967 à Pointe-à-Pitre.
publié le 17 février 2012 à 0h00

Le groupe guadeloupéen Soft occupe une place à part dans la musique des Antilles françaises, dont l’écrasante majorité de la production est tournée vers l’évasion et le sentimental. Les textes ironiques ou engagés de Kassav et Kali sont des exceptions : la chanson d’auteur est une denrée rare. Jusqu’à 2005 et l’irruption de Soft, et son chanteur-auteur-compositeur au cursus atypique. Juriste formé à Montpellier, Fred Deshayes est maître de conférences en droit public à l’université de Pointe-à-Pitre. Avec ses interrogations sur l’identité antillaise (et une musique élégante), Soft a battu des records de ventes en trois CD publiés.

Pour Fred Deshayes, l'heure de l'album solo est venue. Le disque s'ouvre avec Chayé Nou, un hommage à Patrick Saint-Eloi, «notre plus grand chanteur», emporté par un cancer en 2010 à 51 ans. Le chanteur adapte aussi Shakespeare en créole (Dlo Lanmou), convoque Victor Hugo, en appelle à Leonard Cohen ou Paul Simon… Tout en restant enraciné dans les traditions musicales héritées de l'esclavage : le vigoureux gwo ka, la langoureuse cadence ou, plus rare, les «percussions de bouche» du boula gyél.

«Militant». Soit treize chansons signées Fred Deshayes ; la quatorzième est l'œuvre de Jean-Pierre Deshayes, avocat disparu en 2008, père de l'artiste. La Vi fofilé a été écrite sous le choc des événements des 26 et 27 mai 1967. Lors d'un rassemblement de grévistes du bâtiment, place de la V