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Portrait

King Krule, la voix de la colère

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À 17 ans, ce jeune londonien écrit, seul, des titres rageurs. Pour «Next», le compositeur de cette «blue wave» inédite se raconte. Itinéraire d’un jeune king buté.
King Krule (Timur Celikdag)
publié le 17 février 2012 à 12h24
(mis à jour le 19 février 2012 à 19h35)

Canette de bière à la main et casquette informe posée sur la tête, King Krule avait tout l’air, en fin d’automne, d’un lycéen qui sèche le bahut pour traîner sur les quais. Cet Anglais de 17 ans se préparait en fait à l’ouverture du Pitchfork Music Festival, à Paris. La semaine précédente, Archy Marshall (son vrai nom) avait donné son premier concert à New York, sur la scène du plus grand festival musical de la ville, CMJ – aux côtés d’Odd Future et de Zola Jesus.

Douze minutes d'un EP sorti en novembre auront suffi à ce gamin du sud de Londres pour provoquer une hype comparable à celle de Lana del Rey, la bouche refaite en moins. Douze minutes d'une musique mélangeant trip-hop, «garage» et «ambient» jazz, accompagnée d'une voix sourde et terreuse, traînante mais assurée. Une voix presque irréelle pour un adolescent de 17 ans, au point que «le principal intérêt de son premier clip (était) de pouvoir constater qu'une telle voix sortait bien d'un tel corps», écrivait un journaliste de Pitchfork.


En quelques mois, King Krule a déboulé sur la scène indé avec son allure dégingandée, sa tignasse rousse et son accent cockney, presque contre son gré. «Je ne sais pas pourquoi ma musique plaît. Il y a un an, je faisais la même chose et tout le monde s'en foutait. D'ailleurs je m'en foutais aussi de savoir si quelqu'un pouvait aimer… Comme le prouve la musique "mainstream", les gens aiment de la merde, en général.» En somme, le jeune Angl