Un mois jour pour jour après le sachem zen Leonard Cohen, le Boss Bruce Springsteen a procédé jeudi à Paris au même tir groupé de journalistes. Soit une centaine de rédacteurs venus de toute l'Europe invités à écouter son nouvel album Wrecking Ball, puis à lui poser des questions pendant une bonne heure. Lieu tenu secret jusqu'à la dernière minute par la maison de disques Sony, port d'un bracelet-pass, convoyage en bus, appareil photo et/ou enregistreur interdit... Le plumitif essuyait une de ces bouffées de parano typiques et ridicules de l'entertainment américain, qui donnent des envies de bras d'honneur. Springsteen virerait-il Greta Garbo, lui qui s'assume working class hero depuis quarante ans, lui qui est revenu vivre dans son New Jersey originel et roots après une parenthèse californienne?
Les choses se détendaient dès l'arrivée au théâtre Marigny où se tenait in fine le raout – en présence d'un Pierre Lescure, directeur artistique du lieu et notoire aficionado rock, évidemment ravi, tout comme le directeur général du festival de Cannes Thierry Frémaux, springsteenophile patenté.
« If I had a gun, I'd shot the bastards»
Pour commencer, le Boss, 62 ans, ressemble plutôt de plus en plus à Bob de Niro (cette façon de rire en serrant les dents), en plus affûté (1,80 m, moins trapu qu'attendu). Ensuite, en écho à sa capacité à remplir et séduire les stades, c'est en un tournemain qu'il m