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Libération
Critique

Dirty Beaches, rétro projecteur

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Blues . Samplant rockabilly et doo-wop, l’électrisant Taïwanais de Vancouver est en concert et en CD.
Alex Zhang Hungtai, alias Dirty Beaches, en juillet. (Julien Mignot)
publié le 18 février 2012 à 0h00
(mis à jour le 19 février 2012 à 19h34)

«Plages dégueulasses», c'est le nom que s'est donné Alex Zhang Hungtai, Taïwanais installé à Vancouver, Canada, pour percer dans le rock : Dirty Beaches. Ça sonne bien. Ce personnage de héros boudeur et solitaire, les bras couverts de tatouages de dragons, le cheveu noir savamment tartiné de gomina, est une sensation électrisante qui semble sortie d'un bar karaoké de Taïpei pour bad-boy en chemise hawaïenne du Goodbye South Goodbye de Hou Hsio Hsien. Scooters, palmiers, blocs de béton immobiles dans l'air gluant de chaleur…

Alignant les EP à la chaîne depuis cinq ans (True Blue, Golden Desert Sun…), ce jeune homme mystérieux publiait, début septembre, son premier album, Badlands :neuf chansons qui ont l'air d'avoir été enregistrées avec des micros défectueux sur des instruments cassés au fond d'une cave à soja.

Le ton est donné d'entrée de jeu avec Lord Knows Best, sur un sample de Voilà, de Françoise Hardy, un mélange de bâclage arty pour crooner dans le crépuscule d'une salle de tripot durassien. Le reste (Sweet 17, Black Nylon, True Blue…) file à toute vitesse, jonché de tessons de bouteilles et de larsens, mêlant rockabilly squelettique et doo-wop liquéfié, tout le disque comme passé au filtre d'une immense muraille de brouillards ou capté par l'ouïe d'un poisson-chat au fond d'un aquarium.

Gestuelle. Sur scène, les apparitions de Dirty Beaches, la plupart du temps seul, mais parfois escorté d'u