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Critique

Judah Warsky, la justesse du gaucher

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Electro-pop. Le Français sort «Painkillers & Alcohol», un premier album solo réalisé d’une seule main et avec un clavier pour unique instrument.
Mathieu «Judah» Warsky, vendredi à Paris. (© Manuel Braun)
publié le 6 mars 2012 à 0h00
(mis à jour le 7 mars 2012 à 16h16)

Le premier instrument d'un musicien, c'est son corps. Quand celui-ci part en sucette, il faut bien s'adapter. C'est ce qui est arrivé en 1973 au plus tristement célèbre des éclopés pop, Robert Wyatt : une sale chute en étant défoncé, un dos broyé. Quand Rock Bottom sort l'année suivante, sa musique n'est plus la même, elle se fait plus fragile, préfère la trompette à la batterie, que Wyatt ne peut plus manipuler. Le Parisien Judah Warsky n'est certes pas Wyatt, mais son attachant premier album solo est lui aussi «né d'un accident». Ou plutôt d'une série d'accidents pas spécialement glorieux.

«Premiers jets».«Je me suis cassé le majeur de la main droite dans une grosse porte après un concert à Marseille avec mon groupe, Chicros… En revenant d'aller acheter un grec, raconte Mathieu «Judah» Warsky. De retour à Paris, je me suis retrouvé incapable de jouer d'autre chose que d'un clavier, de la main gauche. Je bidouillais des trucs, puis un soir je suis rentré en ayant trop bu, je ne me souviens plus trop… J'avais laissé mon clavier branché dans le salon et j'ai enregistré d'une traite la chanson qui ouvre le disque et lui donne son nom : Painkillers & Alcohol.» Soit «Des antidouleurs et de l'alcool», ce qui fait un bon mélange pour se mettre la tête à l'envers. Mais là où certains auraient enregistré une longue plainte électronique, Judah Warsky a fait une vraie chanson, martelée par un beat et une techno lo-fi. Le reste du