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Critique

Tinariwen, branché désert

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Le groupe qui a transformé la musique du nord du Mali avec des instruments électriques revient avec «Tassili», un album acoustique mais toujours aussi militant.
Le groupe Tinariwen est né au tournant des années 80. (Marie Planeille)
publié le 2 avril 2012 à 0h00
(mis à jour le 2 avril 2012 à 12h20)

Le défunt Ali Farka Touré racontait que, quand il avait écouté pour la première fois un disque de blues américain (John Lee Hooker, semble-t-il), dans les années 60, il s'était exclamé : «Mais c'est du pur tamasheq !» Originaire de Tombouctou, le guitariste chanteur (et éleveur de bétail) avait reçu les influences de toutes les traditions du nord du Mali, notamment la musique des caravaniers tamasheqs, c'est-à-dire touaregs. Cette musique, que le groupe Tinariwen, né au tournant des années 80, a transposée sur des instruments électriques pour lui donner une audience internationale.

«Baptême». Tinariwen (pluriel de ténéré, désert) a largement dépassé le cercle des amateurs de musique africaine. La présence d'invités américains (TV on the Radio, le guitariste de Wilco, etc.) sur leur dernier CD, Tassili, a sans doute contribué à leur Grammy Award du meilleur disque world 2011. Dans deux mois, ils feront face à des dizaines de milliers de personnes, puisque les Red Hot Chili Peppers les ont choisis pour assurer la première partie de leur tournée européenne.

Eyadou Ag Leche, le bassiste du groupe, a autour de 30 ans, soit l'âge de Tinariwen. «J'ai rejoint la formation il y a dix ans, explique-t-il. Mais je baigne dans sa musique depuis la naissance. Ibrahim Ag Alhabib, le fondateur du groupe, a chanté lors de mon baptême, quand j'avais 7 jours.» Eyadou parle un bon français, mais il insiste pour s'exprimer en tamasheq,