Ça ne pouvait pas durer. Kurt Cobain était trop bien, trop jeune, trop doué, trop visionnaire, trop romantique, trop bien marié à la trop parfaite égérie Courtney, pour être vrai. Tant de perfection rock en un. A l’heure où l’on s’entend généralement à considérer, preuves stoniennes à l’appui, le rock (’n’roll), genre musical fondé d’un coup de rotule magique par Elvis Presley vers 1954, comme sinon défunt, moribond, à l’heure où Kurt Donald Cobain tout le premier affirmait que Nirvana, au nirvana du succès, était un groupe foutu, sans autre perspective que l’autoparodie comme le rock en général, le dieu de Seattle était la preuve vivante, époustouflante, de sa pérennité impeccable, en phase avec le temps. Qu’on en juge.
Premier héros de ce qu'on pourrait appeler la génération anxieuse, figure subliminale du white trash (petit blanc) intemporel réactualisé homeless (SDF), d'une séduction rayonnante (mais soleil noir) inédite, stratifiant et transcendant harmonieusement ensemble les vertus, poils et oripeaux, des cultures et contre-cultures suivantes : punk, rockabilly, country, hippie, heroic rock, surf, garage, yuppie, métal, hardcore, sonique, arty, rhythm'n'blues, noisy, world… Kurt, plus que quiconque depuis des lustres, autant que les deux Michael (Stipe- R.E.M ou Jackson) et Bono réunis, était le saint rocker digne, en sa déréliction achevée, de l'époque.
Junkie avéré, sans complaisance ni complexes (rompu à l'usage invétéré de substances prohibées, à c