Le Deux Pièces Cuisine, 30 mars. Fin d'un concert sous haute tension électrique, dans cette salle du Blanc-Mesnil qui a permis d'assouvir la forte curiosité née à l'écoute d'une toute fraîche parution discographique au nom accrocheur. On comprend ainsi pourquoi le radical Brutalum Voluptuous a tapé dans l'oreille de John Zorn qui, malgré un calendrier booké pour les deux prochaines années, a édité sans délai le premier disque du saxophoniste compositeur Guillaume Perret sous son label Tzadik.
Programmé par le festival jazz de Seine-Saint-Denis, Banlieues bleues, au beau milieu d'une thématique vertébrale autour de la «Downtown Scene» qui tient le haut du pavé underground depuis trente ans à New York, le prodige français surgi de nulle part a secoué les esprits. Et par la même occasion, les corps des jeunes supporteurs des premiers rangs, ne dépassant pas la trentaine. Entre rage et émotion, fondamentalement jazz (chorus compris) mais toujours sur un fil à faire valser les étiquettes, le saxophoniste et son Electric Epic ont pulvérisé une matière sonore éclatée dont l'énergie ne déparerait pas les scènes des Eurockéennes ou de la Route du rock. Une poésie urbaine à la fois sauvage et tendre, mise en orbite par une ouverture hypnotique dans l'obscurité. Avec juste un faisceau rouge éclairé dans le pavillon du saxo, le jeune jazzman scande le frémissement de l'ébullition à venir. A démultiplier dans une dynamique 4D avec son quartet Electric Epic : soit ce sax