Dans un bar du VIIIe arrondissement de Paris où il réside, Sébastien Tellier choisit, pour l'entretien, de s'installer à sa «table préférée». Loin des gens, près de la sortie. Impossible pourtant de rater l'énergumène, avec sa veste lamée disco, ses lunettes de soleil enfoncées sur les yeux - il ne les quittera pas de l'interview - et cette pilosité qui mange son visage de toutes parts. C'est le paradoxe du chanteur français de 37 ans : un besoin maladif de briller et une angoisse presque agoraphobe de la société.
Pour son nouvel album, My God Is Blue, il s'est érigé en gourou fantasque d'un mouvement qu'il nomme l'Alliance bleue : «Je veux rassembler les gens autour d'un monde nouveau dont le fondement serait l'imaginaire.» Un trip mégalo ? Sans doute. Un gag ? Sans doute aussi. Mais un gag qu'il veut sérieux. Parce que le garçon y a réfléchi depuis un bail : «A 20 ans, j'ai écrit le livre de ma vie. Je me suis pris au piège du destin que je m'étais fixé. Je savais qu'un jour j'allais être la maman d'un mouvement spirituel que j'aurais moi-même mis au monde.» Musicalement, ça donne un album nébuleux, une pop blindée de synthés, de chœurs et de violons, aux paroles cryptées («Pour commencer la prière des cieux, je vais m'asseoir, décoré de Pépito bleus»), qui laisse coi à la première écoute. «C'est une sirène, il s'adresse aux aventuriers, à ceux qui n'ont pas peur de monter sur un bateau et de se perdre dans le Paci