On se souvenait du gamin à rouflaquettes, déboulant au volant de son combo power pop comme un bolide survitaminé au mitan des années 90… Sale gosse doué, véritable cartoon ambulant, Gaz Coombes, chanteur et lead guitariste de Supergrass, tirait la langue aux grosses cylindrées de l'époque : Oasis, Blur, Suede… Le premier album du trio Supergrass, I Should Coco, en 1995, fit un carton. Débusqué par un label indé à 15 ans (Nude), signé avec Supergrass par EMI à 18, Gaz Coombes ne faisait qu'un avec ses comparses Danny Goffey et Mick Quinn. Leur musique enfonçait le mur du son avec un sens mélodique et une bonne humeur inédits depuis Buzzcocks et Undertones.
Supergrass s'inscrivait dans une grande tradition millésimée sixties, des Small Faces à Madness. Excellent vocaliste, bon guitariste, sympa avec ça. Pas du tout le genre rock star imbuvable, crachant des insultes dans le micro. Plutôt à vous offrir une bière en ponctuant toutes ses phrases d'un «chears ! Cooool, man». Tout le contraire des frères Gallagher…
Joker hilare. Dix-huit ans ont passé, à la vitesse d'un riff de Telecaster. Supergrass a splitté en 2010 après six albums notables et un peu sous-estimés, un carrousel infernal de tournées, et beaucoup de fatigue. Revoilà le trentenaire libre comme l'air, pilosité maxillaire quasi intacte, à peine assagi, larguant dans la nature son premier disque solo, le bien nommé Here Come the Bombs… L'objet s'ouvre sur une plage de cordes et