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Critique

Vinicio Capossela, l’insolence de la mer

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Chanson. L’Italien sort un disque lettré et passionnant, citant Homère comme Melville, à contre-courant des majors mais au succès rassurant.
publié le 23 mai 2012 à 19h06

La devanture indique «Drogueria» et, au-dessus de la porte vitrée, sur un écriteau à demi effacé, on déchiffre «Coloniali». C'est dans cette boutique proche de la gare de Milan que Vinicio Capossela a installé son atelier. Des livres un peu partout, un piano droit sur lequel sont posés partitions et CD (beaucoup de musique grecque) et, par terre, des têtes de monstres rescapées du décor d'un spectacle. «J'aime les quartiers ferroviaires, explique le chanteur. Ce sont des lieux de passage, des espaces neutres que chacun peut remplir de ses émotions, de sa sensibilité.»

Zazou. Les émotions et la sensibilité de Vinicio Capossela, 46 ans, emplissent le double CD Marinai, Profeti e Balene («marins, prophètes et baleines»), où ses textes côtoient des adaptations d'Homère, Céline, Melville (traduit par Cesare Pavese). Un disque monde d'une richesse musicale et littéraire peu commune et dont l'auteur, élégant en costume zazou cintré gris clair et chaussettes arc-en-ciel, nous livre quelques clés. «L'idée première du disque, c'est la confrontation de l'homme avec son destin, tel qu'on le lit chez Homère, Dante, dans la Bible. Et, bien sûr, dans Melville, dont l'écriture est éminemment biblique.» L'épopée du capitaine Achab poursuivant Moby Dick inspire plusieurs chansons : «Le roman est émaillé de chants, des cantiques religieux notamment. Une partie du travail consistait à donner chair à ces chansons muettes.» L'a