Le rituel est immuable. Tout commence avec une croix blanche qui s'illumine et déclenche la clameur. Près de 10 000 personnes battent le rythme avec le poing, et scandent ensemble «Justice Justice Justice». Ferveur populaire des grands soirs. Johnny aussi connaît ça. Gaspard Augé et Xavier de Rosnay apparaissent le poing levé, encerclés par deux murs d'enceintes. Les affaires sérieuses commencent: le gros son tape dans la poitrine. La messe est dite. Ce mercredi soir au Zénith de Paris, Justice ne fait pas dans la dentelle. Leur musique sent l'electro métallisée, au sens ou Metallica l'entendait.
Le public adore. Il veulent du lourd, sans refrain, sans mélo. Ça tombe bien, le duo ne leur adressera pas un mot. Cachés derrière leurs mèches et leurs machines, ils passeraient soit pour de grands timides, soit pour de grands mégalos. Mais ils n’ont jamais été de grands bavards. Eux qu’on dit anciens geeks, sont devenus des pop stars planétaires qu’on adore ici et qu’on adule aux Etats-Unis. Le dernier Coachella ne leur avait pourtant pas porté chance. Un problème technique avait contraint le duo à jouer à peine trente minutes lors du festival californien. Mais les fans de Justice, pas snobs, leur pardonnent tout.
Au Zénith, tout a commencé avec un vieux Prince, époque Cream. Le sample savoureux ne s'étire pas en longueur. Même chose pour l'intro magnifique de Baby O'riley de The Who qui constitue la colonne vertébrale du Civilization de Justice.