En préambule, petit rappel étymologique : en anglais, un «clip» est un «extrait». Ces quelques minutes pendant lesquelles, sur nos écrans de télévision ou d'ordinateur, l'on voit des musiciens chanter ou danser seraient donc des «extraits», des bouts d'un ensemble long, construit et bourré de signes. Mais depuis son explosion au début des années 80, cet étrange objet qui agite la pop culture et qui combine, selon la définition du théoricien du cinéma Michel Chion, des «paroles, de la musique et des images», a bien changé.
Et si, aujourd'hui, les adolescents (et les autres) commentent avec toujours autant d'assiduité les idoles, la question «T'as vu le nouveau clip de M.I.A. ?» est en passe d'avoir supplanté celle de «T'as écouté le nouveau Madonna ?». Le clip a beau avoir un tel écho culturel, il est oublié par la théorie. Est-ce dû à sa relative nouveauté, à son statut encore «mineur» ? Quoi qu'il en soit, le discours critique qui l'entoure est mince. Et les réalisateurs arrivent souvent accidentellement sur le sujet.
Ainsi, pour les quatre surdoués Français qui travaillent sous le nom de Megaforce (dernière réalisation en date, le clip de Give Me All Your Luvin de Madonna, rien que ça), l'appréhension du genre a commencé «un peu par hasard» : «On a démarré quand les membres d'un groupe parisien, les Naive New Beaters, nous l'ont demandé. C'était une expérience, une opportunité de créer quelque chose de concret.»