Le titre, à lui seul, en dit long. Soul Shelter, qui se traduit par «abri de l'âme», est le deuxième album en solo du pianiste Bojan Zulfikarpasic, natif de Belgrade, en ex-Yougoslavie, et identifié sous nos latitudes par le surnom elliptique Bojan Z.
Lumineux et introspectif, ce nouvel exercice en solitaire a pris le temps de sa maturation. Plus de dix ans après Solobsession, brillant essai sorti chez Label bleu, en 2000, lui aussi mûri lors d'une résidence normande à Coutances, dans la Manche, Bojan Z fait une pause en forme de bilan. Entre nappes, syncopes et cascades, Soul Shelter montre les différentes facettes et la fascination du musicien des Balkans pour l'expérimentation sonore. Qu'il joue sur des claviers acoustiques ou électriques, souvent même sur les deux simultanément.
Telle est d'ailleurs sa signature, qui lui permet d'ouvrir son approche jazz à diverses influences, du classique au rock, en passant par des langages métissés de l'Europe de l'Est et de la Méditerranée. Un son identifiable grâce à son «xénophone», un Fender Rhodes bricolé où la singularité rythmique liée à ses racines se trouve décuplée.
Sous les doigts de cet homme-orchestre qui n’hésite pas à mettre les mains dans les cordes et les pieds aux pédales d’effets sans toutefois succomber à la tentation de la surenchère, affleurent les sentiments d’une personnalité authentique aux confins de plusieurs cultures. Ce soir à l’affiche du festival parisien Jazz à Saint-Ge