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Critique

Alt-J, delta planant

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Rock. Les quatre Britanniques livrent «An Awesome Wave», un premier album aérien.
Alt-J, mardi à Paris. (© Mathieu Zazzo)
publié le 4 juin 2012 à 20h36

Ce sont quatre gentils petits gars qui, le soir où nous les avons rencontrés dans un bar parisien, s'endormaient sur leurs chaises à 23 heures. Quatre Anglais âgés de 22 à 26 ans, qui viennent de publier An Awesome Wave, un premier album à leur image : sage, appliqué et délicatement sensationnel. Le terme «appliqué» est d'eux et aucun ne définit mieux Alt-J depuis sa naissance en 2007 sur le campus de l'université de Leeds, dans le centre de l'Angleterre. Le groupe se faisait à l'époque appeler Films, avant d'adopter le très cryptique patronyme ∆, qui s'écrit aujourd'hui sous la forme d'un raccourci clavier tout aussi chelou (lire ci-contre).

Foisonnant. Trois des membres d'Alt-J étudiaient les beaux-arts, le dernier l'anglais. «On s'est trouvés très vite, comme amis et comme musiciens,se rappelle Joe Newman, le chanteur à la voix nasillarde. On a commencé à jouer presque tout de suite dans ma chambre d'étudiant, d'une façon très disciplinée, genre deux fois par semaine.» On ne s'étonnera pas, du coup, d'entendre le clavier Gus Unger-Hamilton, qui se lance parfois à parler en français (il est né à Paris), expliquer sans même froisser sa chemise à carreaux qu'Alt-J «ne fait pas de la musique pour faire la fête ou pour emballer des filles». Comme si le groupe avait fait de son art sonore un UV de fac, à des années lumières des habitudes alcoolisées d'autres musiciens britanniques - loges saccagées et nuits q