L'avant-veille à São Paulo, le lendemain à Pedro II dans l'Etat du Piauí, dans le centre-nord du Brésil, Lenine ouvre entre deux concerts la porte de sa maison à Rio pour évoquer Chão, son dixième album. Trente ans de carrière, de multiples prix dont cinq Grammy Latino, Oswaldo Lenine Pimentel, 53 ans, chanteur, compositeur, arrangeur et producteur revient avec un disque conceptuel et organique, sans batterie ni percussions, habité des bruits de son quotidien. Avec une approche renouvelée, l'homme de révolutions, nourri au tropicalisme anthropophage, qui n'a de cesse de se réinventer, délaisse les instruments rythmiques habituellement omniprésents dans sa musique pour suivre un autre chemin qui, cependant, ne manque pas de pulsations.
Orchidée. Loin du tumulte du quartier du Centro en semaine, ou de celui des plages de Copacabana et Ipanema, dont le front de mer est bordé par cinq files de voitures (heureusement réduites à deux le week-end), le Carioca d'adoption a choisi le calme d'Urca, un quartier aux allures de tranquille village situé au pied du Pain de sucre. Mercredi dernier, ciel voilé, lui habillé de noir, tee-shirt, bermuda et tongs assortis - l'uniforme de rigueur dans la ville, même en ce début d'hiver tropical (qui, quoique pluvieux, n'a rien à envier à notre fin de printemps) -, Lenine s'attarde sur le perron et décroche une méga orchidée aux racines aériennes. La fleur est pour lui un autre objet de passion, qu'il cultive en nombre hor