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La création musicale afro-américaine emprunte des chemins nouveaux, plus queer et anticonformistes que jamais. De Zebra Katz à THEESatisfaction, sélection de six freaks dans le coup.
Zebra Katz (DR)
publié le 19 juin 2012 à 14h51

«2012 l'année des blacks !» La formule, lancée en marge d'un récent défilé Chanel, semble bien définitive. Elle sort de la bouche du DJ Michel Gaubert, l'un des plus fins connaisseurs de la musique actuelle, et donc, par effet de réverbération, de la culture populaire, de l'underground jusqu'à l'«entertainment», qui officiait là en tant qu'illustrateur sonore. Fort heureusement, le temps où l'on parlait de «musique noire» pour désigner un ensemble disparate mêlant jazz, blues ou autres prémisses du R&B, est bien révolu.

Et il est aujourd'hui évident que la mélanine, cette substance qui colore la peau, ne donne pas forcément le sens du rythme, ni ne s'avère déterminante dans la manière d'envisager la musique. Au-delà des considérations déterministes et essentialistes (pour le coup, essentiellement racistes), il est un élément qui frappe dans la culture afro-américaine contemporaine : ces dernières années ont vu la chute des modèles gangsta et bling-bling, soit, pour simplifier, une certaine figure de l'homme noir machiste, violent, qui revendique sa vulgarité.

Par un effet typique de distorsion, la pop atténue les frontières et mélange les genres. Une personnalité afro-américaine au sommet de l'Olympe mainstream, comme Beyoncé, n'aura de cesse de se blanchir la peau, tandis que les circuits indé commencent à prendre des couleurs, prouvant que la pop n'est plus l'apanage des petits Scandinaves ou autres éphèbes venus d'Albion. Dans un même processus d'