De temps en temps, pour motifs inavouables, un livre nous émeut (le Pavillon des cancéreux), un poème ou un refrain (Syracuse), un film, un disque nous alarment. C'est le cas du nouveau Xavier Rudd, de Torquay, dans l'Etat de Victoria, en Australie : Spirit Bird. Un son en est d'abord la cause. Singulier et global, déclencheur et propulseur d'étrangeté musicale, le son ou plutôt le ton est celui du didgeridoo (lire ci-contre). Mais reprenons du début, à la genèse…
La forêt, le son du corps au fond des bois, la nature, au sens d'élément, sont au premier rang de la représentation électrotellurique 2012 de l'ami Rudd, de retour en trombe sonique. Par ordre de rang, suivant l'ouverture en volière aurorale, comme prise d'un radeau des cimes, dans un ébrouement de becs et de plumes, entre autres grincements macaques et reptiles de fourrés à fourous, les infrabasses de la colonne d'air grelottée et barrie du didgeridoo, les tam-tams, puis, confondu à la rumeur d'éden animal, qui revisite, outre le morceau-titre Spirit Bird et la balade pickée Follow the Sun, un peu tous les morceaux, le cri humain, appel de la forêt. Du bush, plutôt, mi-désert mi-brousse, de Rudd.
Barde. Auteur de six enregistrements publics et d'autant d'albums studio depuis 2002, vivant entre Australie et Canada indien - via sa compagne québécoise -, Rudd, 34 ans, père, plume d'«oiseau esprit» tatouée au bras (photo latéritique à la clé en livre