Sur la pochette de son dernier CD, Roberto Fonseca n'arbore plus le petit chapeau (le pork pie hat de Thelonious Monk) qui était son signe de reconnaissance. Il a tombé aussi la chemise, posant torse nu, mains ouvertes, paumes tournées vers le ciel. L'homme a changé : nous avions gardé l'image d'un pianiste latin-jazz à la virtuosité virevoltante, sûr de son charme et de son impact sur le public. Avec Yo, arrive le moment du dépouillement, de l'ouverture à d'autres univers.
Spiritualité. Son propos s'était déjà éloigné du jazz dans son album précédent, Akokan, ici, les ponts sont presque coupés pour élaborer un langage personnel, nourri à la fois d'Afrique et de tradition classique, empreint de spiritualité. Une démarche à laquelle le premier titre du disque, 80's, pourrait servir de manifeste : un groove afrobeat déchiré par une guitare électrique qui amorce un virage vers… Debussy, pour se clore en piano romantique.
A 36 ans, le natif de La Havane a une impressionnante expérience derrière lui : une dizaine de CD, en comptant son œuvre méconnue (des enregistrements lointains à Cuba, au Japon…).
Yo, enregistré à Meudon (Hauts-de-Seine), plonge résolument dans les sonorités africaines. L'héritage yoruba des descendants d'esclaves (déportés des Bénin et Nigeria actuels) est célébré dans 7 Rayos («7 éclairs», un des noms du dieu Chango dans la religion africaine de Cuba). Mais si la musique cubaine n'est pas av