Née dans le saint des saints, à Nashville (Tennessee), en 1919, Kitty Wells fut la première femme numéro 1 des ventes dans la catégorie country. C'était en 1952, avec un titre que la plupart des radios du sud des Etats-Unis refusaient de diffuser : It Wasn't God Who Made Honky Tonk Angels.
Les anges en question, dont la chanson prenait la défense, étaient les femmes qui traînent dans les bars mal famés en quête de romance. Dans un univers aussi conservateur que celui de la musique blanche de Nashville, le propos passait mal. «De nombreux maris se comportent comme s'ils ne l'étaient pas, c'est pour cela que tant de braves filles ont mal tourné», disait le texte, œuvre du Louisianais J.D. Miller.
L'année suivante, Kitty enfonce le clou avec Paying for that Back Street Affair, réponse au Back Street Affair de Webb Pierce. Cette vision du monde où la femme trompée affronte la déchéance, proche par sa thématique de la chanson réaliste à la française, lui vaut d'être plébiscitée par le public féminin du Sud. En 1956, elle est la première femme à publier un 33 tours de country : les chanteuses du genre étaient jusque-là cantonnées aux formats courts.
Les audaces de Kitty Wells résidaient dans ses textes, pas dans son style de vie, puisque le chanteur Johnnie Wright a été son époux de 1937, date de leur mariage, jusqu’à sa mort, en 2011. Même fidélité au point de vue vestimentaire : elle a porté toute sa vie de sages robes à carreaux ou à pois. Adulée tout au