Menu
Libération

Les rappeurs mettent la pédale douce

Article réservé aux abonnés
Bien qu’encore imprégné de clichés virils, le monde du hip-hop refrène peu à peu son homophobie.
publié le 30 août 2012 à 20h06

«Avant j'étais homophobe, mais c'est n'importe quoi. Tous les stylistes que je connais sont gays.» Il aura fallu une épiphanie vestimentaire pour qu'A$AP Rocky, jeune pousse hip-hop adoubée par la hype, admette que l'homosexualité n'est pas vile. Dans son sillage, l'autre égérie du moment, Azealia Banks, tout juste 21 ans, a déclaré sa bisexualité dans les colonnes du New York Times. «Je n'ai pas envie d'essayer d'être la rappeuse bi, ou lesbienne. Je ne vis pas en fonction de ce que l'on attend de moi.»

Ça n'a l'air de rien, mais c'est déjà une révolution. Il n'y a qu'à observer les réactions à la sortie de I'm Gay, de Lil B l'an passé. «Des gens m'ont attaqué en disant : "Je vais te fracasser la tête", "Espèce de pédé", "Je vais te tuer"», raconte le rappeur californien hétéro, âgé de 23 ans. Il n'y a même pas dix ans, se déclarer gay friendly dans le milieu équivalait à être rayé des bacs. Method Man résume bien l'affaire, avec ses mots à lui : «Impossible d'enculer des mecs et dire qu'on est gangsta.» C'est en substance l'idée véhiculée dès l'émergence du genre, de Big Daddy Kane, «antipédé» déclaré, à Eminem, qui donne aussi dans le vers fleuri («Hate fags ? The answer is yes», dans Criminal). Ou l'éternellement subtil 50 Cent, qui tweete fin septembre 2010 : «Si tu es un homme de plus de 25 ans et que tu ne manges pas de chatte, suicide-toi, merde. Le monde sera un endroit meil