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Critique

Dylan souffle sa «Tempest»

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Rock. A 71 ans, le chanteur livre un 35e album studio tumultueux aux perspectives sombres.
Avec «Tempest», Bob Dylan affirme avoir voulu réaliser un album essentiellement mystique. (Photo DR)
publié le 9 septembre 2012 à 20h07
(mis à jour le 14 septembre 2012 à 10h31)

A chaque fois que Dylan sort un album, on est en droit de se poser les mêmes questions : est-il encore capable de chanter, juste, avec les mots puisant leur beauté et leur cruauté dans cet amour qu'il sait si bien décrire ? Va-t-il surprendre ? Eh bien, le personnage ne fait toujours pas de compromis : on aime, on déteste, témoin Tempest de sortie ce jour.

Tempest, 35e album studio signé Bob Dylan, a la couleur de la souffrance de la vie mitraillée à longueur de textes interminables, parfois exagérés, voire radoteurs. Le chanteur de Duluth nous ressert une recette dont il a seul le secret : trouver les termes justes pour scander la vie dans une diction inimitable, avec une voix nasillarde toujours plus brisée, caverneuse, sépulcrale. Et peu lui chaut s'il faut 45 strophes pour faire revivre le naufrage du Titanic ou 38 pour l'assassinat de John Lennon au Dakota Building. L'amour, la haine, la violence, la mort, tout y est.

Chapelet. Dylan se montre sombre, sans doute plus que jamais. A 71 ans, et pour ses 50 ans de carrière (son premier disque fut enregistré en 1962), il ourdit un digest de toute la musique américaine, dans ses formes les plus traditionnelles, pionnières ; celles où il puise depuis le début. Toujours ce côté poreux en résonance. Dylan digère et recycle tout ce qu'il voit, à travers un regard comme fellinien dans un décor de Gangs of New York ou de Masked and Anonymous (tel Du