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Libération

Le talentueux Mr. Biolay

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Deux mois avant la sortie de son nouvel album, le très beau «Vengeance», Benjamin Biolay se livre en exclusivité à «Next». Conversation tous azimuts avec l’auteur-compositeur presque trop doué, et finalement apaisé.
publié le 13 septembre 2012 à 10h56

Un appartement parisien en foutoir, télé géante, restes de déjeuner sur table basse du salon (heureusement que chiens et chat sont cantonnés au vestibule), et, dans la pièce d’à côté, des curiosités, vanités et gris-gris qu’on détaille comme dans un musée: là une tête de buffle empaillée (from New York City), ici les figures totémiques de notre hôte, ces Smiths, Lennon, Marilyn, déclinées en vinyles et en livres, une petite photo du Che sur la commode, contre les murs des centaines de bouquins en équilibre (essentiellement consacrés au cinéma, à la musique), et, dans un coin, un micro-clavecin auquel un réparateur, venu de Belgique, doit bientôt redonner vie… Voilà l’antre, aussi bric que broc et néanmoins paisible, où reçoit Benjamin Biolay, 39 ans trois quarts.

Il sortira à l'automne un sixième album studio, l'explosif Vengeance (lire page 62), qui viendra peut-être taquiner l'immense succès de la Superbe, 200 000 exemplaires il y a trois ans et deux Victoires de la musique à la clé (meilleur album et meilleur interprète). On a l'impression qu'il se déplie à chaque fois qu'il se lève et il se lève plusieurs fois à la recherche de cafés, eau, etc., la carcasse un peu rouillée, pas très musclée mais plus haute qu'on l'imagine, presque un mètre quatre-vingt-dix. Le garçon aux initiales BB (appelons-le ainsi, puisqu'il use lui-même de la double consonne déjà fameuse) semble parfois emprunté, de cette lenteur précautionneuse à occuper l'espace qu'ont les grands