Menu
Libération
Portrait

Lounis Aït Menguellet, kabyle en tête

Article réservé aux abonnés
A 62 ans dont plus de quarante de carrière, le poète chanteur folk militant reste résolument chevillé à sa communauté.
publié le 13 septembre 2012 à 19h06

A ceux qui s’étonnaient de l’absence de «printemps arabe» en Algérie en 2011, les observateurs firent remarquer que celui-ci avait eu lieu trente ans auparavant, sous le nom de «printemps berbère». Un mouvement populaire, cas peut-être unique dans l’histoire, déclenché par… la poésie. Ce fut en effet l’interdiction d’une conférence de l’écrivain Mouloud Mammeri, consacrée à «la Poésie ancienne des Kabyles», qui jeta dans les rues de Tizi Ouzou, en mars 1980, des dizaines de milliers de manifestants. La revendication d’une place pour la langue et la culture kabyles fut réprimée dans le sang : plus de cent tués.

En cette nuit de ramadan de la mi-août, la Maison de la culture Mouloud-Mammeri (mort en 1989 dans un accident de la route) organise le concert du poète chanteur Lounis Aït Menguellet dans le centre de Tizi Ouzou. Il est 22 heures, les familles ont eu le temps de rompre le jeûne et affluent vers le stade Oukil-Ramdane. Parmi les 5 000 spectateurs, très peu de femmes voilées, bien moins que dans certains quartiers de Paris. Les ballades folks qu'égrène Lounis Aït Menguellet de sa voix grave sont accueillies dans un silence ému. A 62 ans, après plus de quarante ans de carrière, il reste l'artiste le plus respecté par le public kabyle, d'Algérie comme de France. Sa poésie complexe, qui aborde les thèmes politiques par le biais de la parabole, a fait l'objet de plusieurs livres. Elle est le sujet de thèses universitaires. A la fin du concert, la foule reprend le slogan