Tout de noir vêtu. De la semelle au dernier épi sur le crâne, en passant par le café serré. 11 h 36 : la mine fripée du gaillard qui-sort-du-lit, Oxmo Puccino, 38 piges, s'installe sur un petit siège en cuir de la Place verte, une brasserie de l'est parisien. Tranquille. Il jette un dernier œil sur son portable : «Répondre au téléphone quand tu parles à quelqu'un, c'est indélicat. La personne qui est au loin n'a pas la priorité sur la personne qui est à côté. Le temps passé ensemble est important.»
A l'heure de son sixième album, Roi sans carrosse, Abdoulaye Diarra, son blaze à l'état civil, est venu seul, sans armure. Il invite dans son backstage perso, sans forcer. Facile et paradoxal. Cigarette électronique à la main, qu'il ne porte que rarement entre ses lèvres, Oxmo Puccino parle de son père serrurier, de sa mère restée au foyer avant de devenir aide-soignante pour son «indépendance», une fois les minots devenus grands. De ses deux petits frères (le premier est «polyvalent, il monte des boîtes et les ferme», le second basketteur professionnel). Du succès qui complique un peu les choses avec sa fratrie. Un voile de pudeur affleure tout à coup. «Je n'en parle pas avec eux, même si j'essaie de leur faire éprouver une certaine fierté parce que j'ai une certaine notion de la dignité.»
C'est un an après avoir vu le jour que le futur Oxmo Puccino quitte, dans le sillage de ses parents, Ségou, au Mali, pour arriver dans la capitale, pr