Dix années de carrière sonique peuvent-elles découler d'un unique geste ? Depuis son irruption au milieu des années 2000, le duo metal Om prolonge une vibration contemplative amorcée comme un mantra. Une ligne de basse grasse mais mélodique, sur laquelle s'enroule une voix psalmodiée. Son remarquable cinquième album, publié cet été et actuellement défendu en tournée européenne (Om était hier soir à Lyon), Advaitic Songs, en est une version rénovée et moins fermée. Mais il a fallu du temps pour en arriver là.
Durant trois albums publiés de 2005 à 2007, Om est allé au bout de son idée de départ, en jouant un metal réduit à une lente abstraction cyclique, qui empruntait comme une évidence les structures hypnotiques des chants religieux tibétains - d'où vient le son «aummmmm» issu de l'estomac, qui donne son nom au groupe. Le duo dépassait déjà largement les origines de ses deux membres, Al Cisneros et Chris Hakius, rescapés du groupe de stoner rock Sleep (lire ci-contre), dont ils entreprenaient de prolonger la facette la plus contemplative.
Se plonger dans Om, c'était s'oublier dans un lourd et confortable tissu, s'y retrouver chaque fois à l'identique ou presque. Mais ce métabolisme d'organisme monocellulaire a fini par s'épuiser de lui-même. «Après trois albums, j'avais l'impression que nous étions enfermés, commente aujourd'hui Al Cisneros, grand brun aux tatouages devenus flasques, qui semble avoir depuis longtemps calé son rythme physiolo