Après avoir ressuscité Miles Davis, la Cité de la musique entreprend de convoquer l’esprit de Django Reinhardt. Manouche aux mains surnaturelles, es-tu là ? Car il serait inutile de monter une exposition sur un musicien si ce n’était pas pour le faire apparaître un peu. Nous avons déjà les disques, et puis les films, les livres, les photos ; maintenant, nous voulons une part du bonhomme, ou rien.
Django, c’est un rude défi : le type est insaisissable. Comment ce Tsigane né Jean Reinhardt dans une roulotte, qu’un incendie a laissé avec deux doigts paralysés à la main gauche, a-t-il pu devenir ce guitariste que les jazzmen américains admiraient au point de l’emmener, comme le fit Duke Ellington, en tournée aux Etats-Unis ? Surtout, où donc ce musicien inné a-t-il trouvé l’énergie de passer du jazz musette au swing, puis du swing au bop, quand tout l’incitait à rester peinardement dans le style de musique qui lui réussissait ?
Sur ce dernier point, au moins, son parcours est parallèle à celui de Miles Davis, lequel évolua, entre autres mues, du bop au cool, et du cool au jazz-rock, toujours penché vers l'avant, vers l'avenir. D'ailleurs, observe Vincent Bessières, commissaire des deux expos, les trajectoires des deux hommes s'emboîtent parfaitement : le trompettiste a repris là où le guitariste avait laissé le chantier, leur seule période de recouvrement étant le bop. Si bien qu'avec ces deux-là, on a presque toute l'histoire du jazz, avec la richesse de ses facettes musicales, s