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Libération
Critique

Godspeed, la colère gronde

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Après dix ans de sommeil discographique, le collectif de Montréal revient avec un nouvel album très remonté, en écho au mouvement du «Printemps érable». Récit d’un retour.
publié le 14 octobre 2012 à 19h17

Le deal était clair dès le départ : Godspeed You ! Black Emperor refuse de nommer un porte-parole, ne répondra aux questions que collectivement, par mail, et ne parlera qu'à Libération pour la France. Le bénéfice d'une certaine fidélité envers son parcours irréprochable, nous dit-on, ainsi qu'envers le label militant avec qui le groupe a tout partagé depuis quinze ans : Constellation (lire page suivante).

Au moment de rompre dix ans de silence discographique avec la publication du massif et colérique 'Allelujah ! Don't Bend ! Ascend !, écho des manifestations qui ont agité leur ville de Montréal au printemps, les huit musiciens rejettent toujours en bloc la petite musique de l'industrie du disque. Godspeed, déjà revenu à la scène depuis 2010, ne réapparaît pas aujourd'hui pour l'argent ni pour se faire voir - le groupe refuse toujours les photos, et les images ci-dessus sont extraites d'un film 16 mm - projeté lors des concerts - signé du réalisateur Karl Lemieux, neuvième membre du collectif. Godspeed revient parce qu'il a des choses à dire à sa ville.

Il y a dix ans, dans la foulée de son retentissant album Yanqui U.X.O., le collectif s'était mis entre parenthèse par épuisement, las des tournées à dix personnes ou plus, fatigué surtout de se voir coller une étiquette de groupuscule anarchiste alors qu'il se veut militant du quotidien. La dispersion de ses membres au sein de la scène musicale de Montréal avait permis l'éclosion de nombreux