Tous les quatre ans, la campagne pour l'élection présidentielle aux États-Unis réactive le grand spectacle de la politique américaine – ses lâchers de ballons en pleine Convention, ses stars qui prennent la parole à plus ou moins bon escient, ses dîners à 40 000 dollars l'assiette. S'il existe un contresens fréquent sur la signification du mot «spectacle», au sens où l'entendait Guy Debord (à savoir, «le règne autocratique de l'économie marchande ayant accédé à un statut de souveraineté irresponsable, et l'ensemble des nouvelles techniques de gouvernement qui accompagnent ce règne») il n'en reste pas moins que Hollywood et sa science de la mise en scène, son savoir-faire spectaculaire, ont accompagné le dévoiement de la politique. Pour l'historien Steven J. Ross, de l'USC (University of Southern California), qui a étudié la genèse des liens entre Washington et Hollywood dans son livre Hollywood left and right (2011), la ville des anges a pesé bien plus que l'on croit sur la politique du pays. Et n'est pas, à l'inverse d'une idée bien répandue, un nid de liberals affidés aux démocrates. Décryptage.
Comment est née l’alliance aujourd’hui consommée entre Hollywood et Washington ?
Tout a commencé à la fin des années 20, avec les conservateurs. Contrairement à ce que racontent les républicains, qui adorent critiquer le «gauchisme hollywoodien», la droite est implantée à Hollywood depuis bien plus longtemps que la gauche. C'est L