Mardi dernier, dans le vieux Nanterre (Hauts-de-Seine), des effluves de musique chaâbi s’échappent du bar-restaurant Le Soleil. Au micro et à la mandole électrifiée, El-Hadji Chenoufi. Son frère Sedik, cigarette coincée sur l’oreille, est à la derbouka. Le bistrot est plein, comme souvent : le couscous du patron est réputé.
La soirée, organisée par la Maison de la musique de Nanterre dans le cadre de sa manifestation «Algérie je t'aime», a débuté par la projection de Trésors de scopitones arabes, kabyles et berbères, documentaire produit par Canal + dans les années 90. On y voit les stars de la chanson maghrébine dans de luxuriantes chansons filmées. Ces ancêtres des clips vidéo étaient visibles, moyennant une pièce de 1 franc, dans les cafés grâce à des juke-boxes à écran télé. Les scopitones disparaissent au début des années 70 des bars-tabacs français, mais survivent une dizaine d'années dans ceux de la communauté maghrébine. «Pour ces artistes sans accès à la radio et à la télé, c'était le seul moyen de promotion», explique Rabah Mezouane, journaliste, programmateur à l'Institut du monde arabe, et conseiller pour Algérie je t'aime.
Mazouni filmé sur un chantier de construction, Slimane Azem dans un champ d'oliviers ou le visage grave de Noura font sourire l'assistance. La semaine précédente, une soirée identique a eu lieu au centre social La Traverse, au cœur d'une cité, devant un p