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Libération
Critique

Nouvelles passées de Vini Reilly

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New wave. Enregistré en 1983, le fleuron perdu de Durutti Column sort pour la première fois.
Vini Reilly, Pauline et Alain Lefevre à Bruxelles en 1983. (Paul Coerten)
publié le 25 novembre 2012 à 19h16
(mis à jour le 26 novembre 2012 à 13h27)

Ceux qui, au début des années 80, auront arraché quelque chose à la musique du guitariste mancunien Vini Reilly (alias Durutti Column) vivent depuis avec un fantasme. Il tient à la fois de l’illumination et du conte mythologique. Entre 1979 et 1983, Vini Reilly aurait approché une expression rock si libre, si décalée, si secrète que ses chansons - du moins quelques-unes - auraient le pouvoir de rendre invincible celui qui les écoute. Une sorte de retraite mentale inexpugnable. On peut ne jamais la quitter. Pour notre part, nous avons toujours imaginé l’aube, un temps clair, la risée sur une plage du sud de l’Europe, les maisons blanches…

C'est une atlantide qui sort aujourd'hui : Short Stories for Pauline, son chef-d'œuvre, enregistré par la tête de pont du label Factory (Joy Division, New Order, Section 25, A Certain Ratio…) sur quelques semaines de l'hiver 1983, puis disparu dans les méandres des stratégies marketing de Tony Wilson, le vibrionnant patron du label.

Au-delà de son cercle d'afición, Vini Reilly fut un musicien embarrassant : difficile à écarter quand même (la caution Factory) mais occupant une place intenable, celle d'un Paco de Lucía new wave au cœur d'une vague punk disqualifiant la virtuosité instrumentale, une algue humaine surmontée d'une coupe au bol qui vidait les salles en un clin d'œil lors des jamborees collectifs de sa maison de disques. Longtemps, la personnalité du guitariste - il ne chante qu'exceptionnellement - aura tout de mêm