La voix rugit, en charpie soul jerk, réminiscente pour nous, plus que de tels Tom Waits dégueulatoire, Joe Cocker, ou Pogues meet Bashung période Rio Grande, des belles heures Mink DeVille, relevant Feelgood, shouter pub rock. Flaubert mignardait sur son «gueuloir», Jim Jones et sa Revue nègre débagoulent vraiment. Avec style, paradoxalement. Du voodoo In and Out of Harm's Way au doux Midnight Oceans and The Savage Heart final, via le rush Where Da Money Go, digne du Reverend Horton Heat, ou l'attaque It's Gotta Be About Me, c'est du rock viscéral comme plastiné.
«Ivre». Ramdam, piano de bastringue, boogie shuffle boogaloo à la redresse, c'est du rhythm'n'blues surligné au fard dans le viriloïde éructant à guitare juke joint. Comme si chaque accord électrocuté (Eagle Eye Ball) devait y être le dernier. Chaque trille de piano Jerry Lee, un précipité. Chaque plage goudronnée une Catastrophe. Rock noir à cran, comme on dit roman noir dos au mur.
En pochette, urbaine, prolo, des usines, des eaux sales, ponton «ivre», canal, terrain vague. Slick zonard. Au dedans un tigre, cuirassant le chanteur aux airs Sid Vicious heavy rockab. Autant de griffures que de riffs, grondements de demi-caisses et de larynx éraflé. Les rythmiques battent le rappel, les refrains la charge en noir et blanc. Saigné à blanc, livide, alcoolo mais émacié, en lame de couteau dont on fait le rock tranchant et les lignes, hargneux,