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Libération
Critique

Des Syriens en transe et en transit

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World. L’Ensemble al-Kindî se produit, ce soir et demain, au Cabaret sauvage, à Paris.
(DR. )
publié le 10 décembre 2012 à 19h26
(mis à jour le 11 décembre 2012 à 16h31)

Pour mettre sur pied une tournée d'artistes syriens, il faut s'armer de patience. D'abord déposer les demandes de visa à Beyrouth, puisque la France a fermé son ambassade à Damas. Puis organiser les déplacements, en voiture, vers la Turquie ou le Liban, l'aéroport de la capitale syrienne étant déserté par la plupart des compagnies… En mars, des musiciens d'Alep ont ainsi pu se produire au Trianon, à Paris. Ce n'est plus possible aujourd'hui, déplore Julien Jalâl Eddine Weiss, directeur de l'Ensemble al-Kindî, qui invite les musiciens. «Nous sommes sans nouvelles de Cheikh Habboush, le chanteur, qui était sur scène avec nous au printemps, depuis que sa zawiya, le siège de sa confrérie soufie, a été atteinte par un obus. Il est peut-être caché dans un village, emprisonné, mort…»

Venu de la guitare classique, le Franco-Suisse Julien Weiss s'est pris de passion pour la musique arabe en écoutant un disque de Mounir Bachir, virtuose irakien du oud. Il se consacre ensuite à l'étude du qanùn, une cithare sur table. Passionné par la musique des confréries mystiques soufies d'Alep, il a été le premier étranger autorisé, en 1983, à y acheter une maison, un petit palais mamelouk dont il a fait un foyer d'activité culturelle. Il n'y retourne plus depuis le début de la révolution et partage sa vie entre Istanbul et Paris.

L'Ensemble al-Kindî, qu'il a fondé en 1983, a été instrumental jusqu'en 1991, date de l'arrivée de Cheikh Hamza Shakur, hymnode de la mosquée des Omeyyad