Il y a deux ans, elle se distinguait avec Yiddish Blues, florilège de chansons mâtinées de jazz, de swing et d'envolées manouches. En cette fin d'année plombée par les crises, Talila revient avec le Temps des bonheurs. L'album garde la même dominante mais s'enrichit de deux chansons composées par le romancier Jean Rouaud (lire page suivante). Celle qui donne son titre à l'album ne peut laisser indifférent. Sur une musique composée par Teddy Lasry, multi-instrumentiste à la croisée du jazz et de la musique hassidique, cofondateur du mythique groupe Magma, elle résume mieux que tout ce qui pousse Talila à se faire, encore et encore, «la voix d'un monde englouti».
Reprises. Née de parents juifs polonais émigrés en France en 1936, cette chanteuse à la silhouette et à la voix cristallines entremêle, d'un titre à l'autre, douleur et gaieté, tristesse et humour. Dans sa bouche, le «yiddishland», comme elle dit, est célébré sous toutes ses formes, et jusqu'en anglais, la langue de nombre d'émigrés juifs, avec des reprises célèbres telles Russian Lullaby, écrite en 1927 par Irving Berlin, ou Rose of the Volga, chanson d'exil et d'amour composée par Gus Kahn au début du siècle dernier. La plupart de ces airs sont réarrangés par Teddy Lasry et accompagnés par des figures du jazz comme le batteur André Ceccarelli et le contrebassiste Christophe Wallemme.
Pour les amateurs, le spectacle que Talila et ses musici