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Libération
Critique

Carmen en berne à l’Opéra-Bastille

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Lyrique . A Paris, une nouvelle production médiocre et hors sujet du chef-d’œuvre de Bizet.
publié le 17 décembre 2012 à 20h06

La nouvelle Carmen de Bastille était retransmise, jeudi, en direct dans les cinémas de France. Défilant en tenue de gala sur le tapis rouge des grands soirs, le CAC 40 semblait à la fête. A l'intérieur du temple «populaire» construit par François Mitterrand, l'art lyrique poursuivait, hélas, sa lente agonie.

Si Carmen a été conçu pour l'Opéra-Comique, son succès l'a propulsé sur les grandes scènes de la planète. Rien de bien problématique tant qu'on se donne les moyens de lui faire passer la rampe. Avec Anna-Caterina Antonacci, superbe Carmen à Covent Garden en 2006, puis au Capitole de Toulouse et à l'Opéra-Comique en 2009, c'est raté : elle est sans doute convaincante dans les cinémas, mais son volume sonore et son mordant sont insuffisants pour Bastille. Elle est, de surcroît, dirigée comme aux pires heures d'Au théâtre ce soir et affublée d'une perruque blonde de grande bourgeoise. Une aberration, quand son physique de brune plantureuse en fait une Carmen idéale. Face à elle, pas de Jonas Kaufmann en Don José, comme à Covent Garden, mais Nikolai Schukoff, dont on déplorait déjà, en 2007 au Châtelet, l'émission étriquée, l'aigu ni consistant ni ardent. Découverte également au Châtelet, la Micaëla de Genia Kühmeier, au timbre capiteux et solaire et à la projection rayonnante, reste, avec le Dancaïre d'Edwin Crossley-Mercer, l'atout majeur de la distribution.

En fosse, ce n'est pas non plus la joie. En lieu et place du toujours prosaïque Philippe Jo