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Libération

Cinquante ans de sérénades en cascade

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Panorama d’une discographie mouvante, entre romantisme noir et atmosphères complexes.
publié le 18 décembre 2012 à 20h36

Du jeune homme ombrageux au compositeur détaché de toute règle, parcours en cinq disques pivots.

1. Blue Bell (1958)

Repéré par le présentateur américain Eddie Fisher, qui l’invite plusieurs fois dans son émission pour ados pré-rock’n’roll diffusée sur NBC à la toute fin des années 50, le jeune Scott Engel possède déjà à 15 ans une voix à faire trembler les cœurs. Il publie à l’époque quelques 45-tours bien emballés mais sans retentissement, avant de s’embarquer comme musicien de tournée avec The Routers et The Surfaris.

Devenu Scott Walker, le chanteur n'évoque que très rarement ces années-là, qui pourtant posent déjà les bases de son romantisme très européen. Les chansons de cette première incarnation sont rassemblées dans Scott Walker, the Early Years (Orbit Records).

2. The Sun Ain’t Gonna Shine Anymore (1966)

Faux frères, faux Walker, les Walker Brothers sont la réunion de trois musiciens déjà professionnels au début des années 60. A peine visibles aux Etats-Unis, ils ne trouveront leur formule qu’en s’installant à Londres à partir de 1965, où le public s’attache à leurs romances chargées en violons. Là, la voix profonde de Scott Walker prend le dessus et le trio parvient à combiner succès radiophonique et ambition artistique. Cheveux longs, lunettes de soleil, allure calculée de jeunes ténébreux, les Walker Brothers cartonnent puis implosent en 1968 : Scott, réfugié dans l’alcool, a trop d’appétit musical pour se contenter des blue