Le 22 décembre 2002, à Lille, le directeur du service pénitentiaire d'insertion et de probation du Nord quitte le travail. Il entre dans sa voiture, allume France Info, et se met à pleurer. Ses larmes coulent pour Joe Strummer. Le chanteur des Clash, 50 ans, vient de mourir d'une crise cardiaque, au retour d'une balade avec son chien, dans son cottage du Somerset. Ethique, rébellion, look, humanisme, proximité avec son public : Joe Strummer est un rocker qui n'a jamais trahi. Un grand frère est parti. Partout dans le monde, des centaines de milliers d'admirateurs, fans ou stars comme Bono ou Scorsese, ont perdu un repère. Entre deux avions, l'auteur de ces lignes, inconsolable lui aussi, se souvient avoir écrit sur «Joe» sur le sachet à vomir de la compagnie Iberia, faute de papier. Le lendemain, Libération titre sur «Le clash des années punk». Ce numéro du journal est aujourd'hui sous verre chez Bruno Clément-Petremann.
Dix ans plus tard, ses larmes ont séché sur du papier. Celui d'un joli roman, Strummerville, qui démarre dans le Paris radical de la fin des années 70, file en Angleterre en pleine fureur punk et raconte des ambiances carcérales rarement lues. A la suite d'une expédition contre des fachos du GUD, le narrateur s'enfuit à Londres. Dans un squat, il se lie d'amitié avec Joe Strummer. C'est l'épopée de Clash (1976-1982) vécue de l'intérieur, avant que le héros ne se fasse serrer lors d'un retour en France et passe vingt ans sous les ver