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Interview

«Un clivage entre rappeurs cool et hardcore»

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Livre. Dans «Une histoire du rap en France», le sociologue Karim Hammou retrace l’évolution de la scène musicale à travers son traitement médiatique :
Joey Starr et Kool Shen en concert en septembre 2008 à Paris Bercy. (AFP)
publié le 23 décembre 2012 à 20h26

Même si les victoires de la musique s'acharnent à le cantonner à une catégorie «musiques urbaines» d'année en année, le rap s'est profondément fondu dans la musique et dans la culture française depuis plus de deux décennies. Dans Une histoire du rap français, le sociologue Karim Hammou, membre associé du centre Norbert-Elias de l'Ecole des hautes études en sciences sociales à Marseille, interroge ses spécificités, ses relations tumultueuses avec les médias et les stratégies des maisons de disques. Il ajoute ainsi une pierre essentielle à l'inventaire en cours du rap hexagonal, et en particulier de ses foisonnantes années 90.

Vous divisez l’histoire du rap français en trois périodes : 1980-1991, 1991-1998 et 1998-2010. Pourquoi ce choix ?

La première charnière correspond à la fin de la période d’intense médiatisation du rap en lien au problème des banlieues, de 1990 à 1991. Plus rien ne sera ensuite comme avant. L’autre date charnière, 1998, correspond à la conversion définitive de la radio Skyrock au rap, mais aussi à un ensemble de nouvelles structures - maisons de disques, presse magazine - qui vont contribuer à promouvoir une nouvelle forme de rap. Toute la scène qui est diffusée à cette époque comprend, outre la première génération (NTM et IAM), des groupes dont la diffusion était relativement confidentielle auparavant, comme Expression Direkt, Ideal J et la Mafia K’1 Fry. C’est aussi l’année où le rap français sature les ondes de Skyrock, qui y consacre 80% de sa programmation. 1998, c’est enfin le moment où plusieurs disques d’or ont été décernés en peu de temps à des rappe