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Libération

Au fil du rap

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Le sociologue Karim Hammou retrace une histoire du rap, entre polar musical et étude de sciences humaines.
Sidney, présentateur de l'émission de télévision H.I.P. H.O.P. diffusée en 1984, sur TF1. (DR)
publié le 31 décembre 2012 à 13h31

En préambule, osons une réserve: l'ouvrage Une histoire du rap en France est mal titré. Non pas que son auteur, l'universitaire Karim Hammou, ait négligé la dimension générationnelle de son sujet, le livre étant chapitré en plusieurs périodes charnières. Mais plutôt parce qu'il occulte la dimension romanesque que ce sociologue français, membre associé au Centre Norbert Elias de Marseille, donne au rap, genre musical venu des États-Unis au début des années 80, passé par tant de critiques comme d'éloges, tantôt vilipendé pour son nihilisme, ou célébré comme une expression artistique légitime à la «capacité supposée de lutter contre l'exclusion, les inégalités sociales ou culturelles».

S'inscrivant dans la lignée de l'Américain Howard Becker, auteur des Mondes de l'art en 2006 et qui signe ici la postface, Karim Hammou voit le rap comme un vaste corps poreux, pénétré par des quantités d'individus (hommes politiques, maisons de disques, célébrités, acteurs sociaux, journalistes, populations immigrées). Les balbutiements de Chacun fait (c'qui lui plaît), les incursions dans la variété (où l'on apprend qu'Annie Cordy a été quasi-précurseure…), les signatures de rappeurs par les majors, la reconnaissance d'un public spécifique, les conflits entre ancienne et nouvelle génération: tout est ici synthétisé, transformant le rap en objet de sciences humaines. Mais aussi en un nœud d'intrigues propre à la trame d'un authentique «polar musical».

Ka