C'est peut-être l'événement lyrique de l'année. On n'est pas surpris qu'il soit proposé par l'Opéra de Lyon, premier de France par l'audace et la qualité de sa programmation. Claude, qui sera donné en création mondiale fin mars, est le premier opéra du Français Thierry Escaich. Epiques et foisonnantes, empreintes d'un lyrisme intense, ses œuvres pour orchestre ont séduit le plus large public. Avec les Nuits hallucinées, envoûtant cycle de mélodies créé par la mezzo Nora Gubisch, il a prouvé qu'il savait également composer pour la voix.
A tout seigneur tout honneur, ce Claude sera dirigé par Jérémie Rhorer, chef et compositeur lui-même, et mis en scène par Olivier Py. La plus grande star de l'affiche restant le ministre Robert Badinter à qui les Français doivent l'abolition de la peine de mort et qui signera son premier livret d'opéra, d'après le Claude Gueux de Victor Hugo. Paru en 1834 et inspiré de faits réels, ce roman raconte le procès, la condamnation et l'exécution par la guillotine d'un homme qui vola pour nourrir sa concubine prostituée et leur fille, puis tua le directeur de sa prison.
Opposant deux violences, celle de l'individu et celle de la société, Hugo annoncerait presque le Foucault de Surveiller et punir, s'il ne négligeait de rappeler que l'homme était un récidiviste. On ne manquera pas non plus les deux autres volets du cycle Justice/Injustice proposé à Lyon, soit le Prisonnier, de Luigi Dallapiccola, mon