Le temps s'est suspendu place de l'Horloge, à Nîmes, où, plus de vingt ans en arrière, Antonio Moya, alors Toni Moya, faisait ses premiers pas de guitariste. C'est son grand-père qui lui avait offert l'instrument. Les souvenirs demeurent : «J'habitais à 50 mètres d'ici, raconte le musicien, dans un petit deux pièces avec les odeurs de café de l'épicerie. J'ai des flashs. Je me souviens, on m'asseyait sur le comptoir du bar en bois. Ça collait, ça sentait le vin et la fumée. Les gens chantaient, les larmes aux yeux. C'était le lieu de la nostalgie.»
Fils de la dernière immigration économique des années 60, Antonio Moya, la quarantaine bien portante et bien portée, se retrouve au cœur de la 23e édition du Festival flamenco organisée par le Théâtre de Nîmes. Le guitariste symbolise ce lien très fort qui unit l'Espagne, et plus particulièrement l'Andalousie, à la cité française des Antonins. Son père, maçon, a fait le chemin dans un sens, il le fera dans l'autre, vivant désormais depuis vingt ans à Utrera, au sud de Séville. Le flamenco a décidé de sa vie. Il est marié à la chanteuse Mari Peña et a ainsi intégré la famille de la Buena. Il est Antonio d'Utrera, porte-parole respecté d'une dynastie du flamenco gitan. Et pourtant, il a bien failli rater ce coche, un temps tenté par le hard rock au point de changer les cordes de sa guitare. Mais, comme en embuscade, Pepe Linares et Antonio Cortès veillent. Après avoir vu leur concert, Antonio Moya remet l