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Libération
Interview

«L’un conduit le tank, l’autre s’occupe du canon»

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L’écrivain Philippe Djian parle de la manière dont il écrit les textes des chansons de Stephan Eicher et analyse leur couple en miroir :
Philippe Djian à Paris le 14 novembre 2012, lors de la remise du Prix Interallié. (AFP / Patrick Kovarik)
par BAYON
publié le 24 janvier 2013 à 19h46

Suivant une envie patiente, pour qu'il ne soit pas dit que l'heure est passée de l'Envolée, nous y voilà, résolument installés, prenant notre temps avec le partenaire d'élite inactuel du chanteur d'ailleurs Stephan Eicher. L'écrivain-parolier de renom Philippe Djian, envolé lui-même en vacance, nous répond finalement mot à mot par mail de ceux d'Envolée, depuis une chambre d'hôtel parisienne le 14 janvier .

Combien de temps prend une chanson du romancier Philippe Djian pour Stephan Eicher le chanteur ?

Je mets environ un an pour écrire un livre. Par beau temps, je parviens à attraper, disons 100 000 lecteurs. Ecrire le texte d’une chanson me prend quelques heures, jamais plus d’une journée. Des millions de gens vont l’écouter, l’entendre. J’aime ces chiffres, ils m’amusent. Ils sont amusants, non ? Cette disproportion…

Ecrire livre, écrire couplets : la différence ?

Dans un bon roman, on doit trouver un rythme, une respiration pour chaque phrase, la tordre, en faire une arme. Mais il y a peu de chance malgré tout qu’elle pénètre un corps et s’introduise dans un cerveau, s’y installe, subreptice, et mène sa vie au milieu de nos pensées quotidiennes, et surgisse à tout moment comme le feraient les mots d’une chanson. Et vous voilà en train de roucouler ou de grincer des dents ou de vous passer le film parfois même sans le vouloir, sans rien avoir demandé, avec peut-être juste un simple bout de refrain aux lèvres, une ou deux phrases à peine chantées qui tournent et reviennent dans votre esprit et vous font du bien, ou vous arrachent des larmes, ou vous enflamment, ou vous apaisent, ou vous p