Menu
Libération
Interview

«Volker et moi sommes déjà un vieux couple»

Article réservé aux abonnés
Questions à Ablaye Cissoko Chanteur et joueur de kora sénégalais
publié le 31 janvier 2013 à 19h56
(mis à jour le 1er février 2013 à 10h55)

Le Sénégalais Ablaye Cissoko est l'auteur, avec le trompettiste allemand installé à New York Volker Goetze, d'un album aérien en duo où se répondent kora séculaire et piston jazz. Amanké Dionti, leur deuxième enregistrement, est sorti chez Motéma (label indépendant de Harlem qui a lancé Gregory Porter). Ablaye Cissoko revient sur cet échange méditatif à la vertu apaisante.

Quel est le sens du morceau Amanké Dionti, qui donne son titre à l’album ?

Amanké Dionti veut dire «ce n'est pas une esclave» en langue mandingue, dans laquelle je chante car elle est harmonique. En tant que griot, mon rôle est d'aborder certaines questions sensibles concernant la société dans laquelle nous vivons. Il me semblait impératif de dénoncer la condition de ces jeunes femmes contraintes de quitter leur village pour trouver un travail en ville. Employées comme domestiques, elles sont corvéables à merci. Surexploitées, parfois même insultées.

Quand et comment avez-vous rencontré votre alter ego musical ?

Nous sommes déjà un vieux couple ! Nous nous sommes rencontrés en 2001 au festival de jazz de Saint-Louis du Sénégal. J'avais intégré le groupe euroafricain dirigé par François Jeanneau. Au fil d'une écoute réciproque, nous avons ensuite décidé d'enregistrer notre premier album, Sira, en 2007.

Volker Goetze, qui a réalisé un documentaire autour de votre tradition familiale et de ses actuels changements, souligne la singularité de votre chant et votre jeu unique de la kora…

Volker s’adapte à mon jeu de cordes car je ne lis pas la musique. Parfois, il chante aussi les parties qu’il souhaite m’entendre jouer. Notre priorité est l’échange, nous expérimentons ensemble afin de trouver de nouvelles approches.

Ablaye Cissoko & Volker Goetze CD : «Amanké Dionti» (Motéma). En concert ce soir à 20 heu