Certains cadavres finissent par remonter à la surface. Peter Hook semble aujourd'hui se trimballer avec, sous le bras, celui de Ian Curtis, chanteur né de Joy Division, suicidé en 1980 et devenu depuis objet d'un culte envahissant. De passage à Paris pour parler de Unknown Pleasures, son récit de la courte histoire du groupe le plus influent de Manchester, le bassiste grande gueule enchaîne les interviews comme un guide touristique rodé. A votre gauche, la corde avec laquelle Curtis s'est pendu, à votre droite, la discographie complète de New Order, le groupe formé par les trois musiciens survivants au lendemain du drame. En face, Peter Hook et son éternelle barbe de trois jours sous un nez tombant. Au-dessus, on débouche sur un regard gris très pro, totalement disponible mais absolument pas disposé à sortir de son personnage.
Ce jour-là, «Hooky» a enfilé un polo un peu trop ajusté sur ses épaules d'ancien gros et un jean slim qui lui donne l'air d'un adolescent à la retraite. Il a eu 57 ans cette semaine, déjà un grand âge quand on a joué dans deux formations majeures de la fin du XXe siècle. Depuis 1980, New Order a conquis le monde en laissant sagement Joy Division dans un tiroir de l'histoire. Puis le groupe s'est séparé, reformé, déchiré… Peter Hook et Bernard Sumner, le guitariste des deux groupes, se sont «inexorablement éloignés». Une façon polie de dire qu'ils sont fâchés à mort et actuellement en procès pour la