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Critique

Matmos, médium est servi

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Electronica. Pour marquer ses vingt ans d’avant-garde synthétique, le tandem emblématique américain publie un recueil télépathe sur l’air scientiste du «Ganzfeld».
publié le 17 février 2013 à 19h07

Ils nous auront tout fait en vingt années de carrière : enregistrer l’activité nerveuse d’une écrevisse, composer un disque entier à partir de sons captés lors d’opérations chirurgicales, carrer un micro dans l’utérus d’une vache ou manipuler le cri d’un rat pris au piège. La musique de Matmos est comme les gigantesques machines que construisait Jean Tinguely, un bidule complexe érigé pour la simple beauté du geste, une succession de contraintes imposées qui finissent toujours par s’effacer sous la poésie électronique.

Le huitième album du duo, formé - à la scène comme à la ville - par Martin C. Schmidt et Drew Daniel, The Marriage of True Minds, réaffirme tout cela et confirme que Matmos sait aussi construire un superbe disque de pop sans abandonner son modus operandi conceptuel. Cette fois, c'est la télépathie qui a servi de point de départ.

«Nous essayons toujours de nous lancer dans une aventure qui se situe à l'opposé de ce qu'on vient de finir, commentait récemment Drew Daniel, de Baltimore où il enseigne depuis 2007 comme professeur d'anglais à l'université Johns-Hopkins. Il y a quatre ans, nous venions d'achever Supreme Balloon, qui est un disque très monochrome, composé uniquement avec des synthétiseurs, et je me suis pris de passion pour une expérience scientifique qui est devenue notre unique préoccupation pour les quatre années suivantes : le Ganzfeld, un protocole créé pour tenter de prouver que la télépathie existe.»

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