A 55 ans, Nick Cave préfère désormais le cash de la rédemption au trash de la pénitence. Accompagné de ses mauvaises graines (The Bad Seeds), l'une des icônes du rock indé vient de sortir un 15e album majeur. A la beauté diaphane, à la fureur cellophane. Délaissant ses habits de prêcheur imprécateur et ses humeurs d'alterspectre.
L'altermonde. On est au lendemain de l'autoéviction papale. Il attrape la une de Libé, découvre l'info. Celui qui implore Dieu et sa pitié dans ses chansons peut un jour se dire croyant, un autre claquer la porte à toute forme de divinité. «J'en suis ravi. Je n'ai jamais aimé ce type. Son passé inacceptable l'a hanté : comment pouvait-il être l'émissaire de Dieu…» Et voilà l'ex-anglican vous fixant avec son regard bleu acier, comme il toisait l'audience, môme, en chantant deux fois par semaine à l'église : «Je m'en branle totalement, je ne suis pas catholique.» Son obsession pour l'Ancien testament et un nouveau monde ? Ses textes travaillés à la chair et au sang, plein de chutes et de rédemptions, ses cantiques triturés de beauté et de désespoir ? «J'ai un univers parallèle, une vie imaginaire : celle de mes chansons. Et dans cette autre vie, cette vie absurde et magique, Dieu existe.» Les deux mondes, l'irréel et le réel, ne se rencontrent jamais. «Mais je veux croire à l'idée de croire en quelque chose.» Fût-elle «corrompue» :